Le service du ALEXtel fut de courte durée, de 1988 jusqu’au 3 juin 1994.
Le coût élevé était un facteur qui a pesé lourd.
Le 25 septembre 2015, je mettais enfin la main sur un terminal ALEXtel avec sa documentation, qui reposaient fièrement au deuxième étage du marché aux puces St-Michel situé à Montréal. Plus d’un an plus tard, le 10 décembre 2016, nous avons découvert un livre informatique chez Renaissance à Pointe-Claire, traitant du ALEXtel et, au passage, du Minitel.
Dans les remerciements du livre se trouve le nom de M. Bachir Halimi, qui possédait une entreprise pour aider d’autres sociétés à démarrer leurs propres services sur ALEXtel. Puisqu’il avait participé à la conception de ce livre, je suis entré entré en contact avec lui pour qu’il puisse me parler de l’ALEXtel.
Je l’ai donc rencontré à son entreprise et il m’a offert une heure de son temps pour m’accorder une entrevue. D’origine algérienne, M. Halimi était fort en mathématiques et en technique plutôt qu’en sciences. C’est ainsi qu’il a étudié en informatique à l’Université de Montréal, d’où il est sorti diplômé en 1980. Sa spécialité était l’informatique dans des langues autres que le français et l’anglais, comme l’arabe, le hébreux, l’ourdou et le chinois. Par ailleurs, il possédait un brevet concernant l’affichage arabe sur les ordinateurs, qu’il a fini par vendre à Microsoft.
Au début des années 1980 s’est pointé le leader en télécommunications en France: le Minitel. Le but initial était de simplifier l’accès aux bottins téléphoniques, dont l’impression et la mise à jour étaient très coûteuses. Ainsi, France Télécom a distribué des terminaux gratuits que l’on pouvait se procurer dans les bureaux de poste. Au-delà des bottins numériques, c’est la messagerie rose (salles virtuelles de rencontre) qui fera rouler le système pendant des années. Entre-temps, au Québec, des tentatives ont été mises sur pied pour importer le système Minitel. Trois entreprises étaient en lice pour l’obtention de la licence convoitée: Bell Canada, Vidéotron et le CETI (Centre d’excellence en télécommunications). France Télécom finira par choisir le CETI, par crainte que Vidéotron et Bell étouffent le service au lieu de le développer à son plein essor.
Pour concurrencer le Minitel, Vidéotron et Bell n’avaient pas dit leur dernier mot. Tandis que Vidéotron planchait sur le service télé qui allait devenir Vidéoway, Bell, elle, avait opté pour un terminal Télidon basé sur le protocole NAPLPS (North American Protocol), qui offrait une meilleure qualité d’affichage que Minitel, étant basé sur un affichage par pixels plutôt que matriciel. Trois niveaux d’accès étaient proposés aux utilisateurs: un accès de base gratuit, un accès à 10 cents la minute et un autre à 30 cents la minute. Les trois premières minutes d’accès au bottin virtuel étaient gratuites. Tout comme pour les messageries rose en France, l’un des services les plus populaires offerts par ALEX était la messagerie bleue Apollon, destinée à un public gay et gérée avec un grand professionnalisme par l’animateur Michel Jasmin. M. Jasmin s’occupait par ailleurs de l’animation de cette salle en créant des personnages fictifs qui interagissaient avec les utilisateurs.
Malheureusement, le coût élevé de l’accès à ALEXtel et son rayonnement régional (Bell ne voulant pas couper dans les profits liés aux interurbains en permettant les communications interurbaines par ALEXtel) finiront par avoir le dessus sur le service. Il n’y avait alors aucun moyen de freiner les frais excédentaires et aucun plafond n’était mis sur pied; couper le service téléphonique pour non-paiement du service ALEXtel n’était pas non plus permis par le CRTC. Par contre, le clou fatal dans le cercueil d’ALEX a été l’arrivée d’Internet au milieu des années 1990.
Le protocole NAPLPS connaîtra une deuxième vie en Corée du Sud. Par ailleurs, il existait un émulateur du Télidon, servant à la programmation et aux essais. Alain Janelle a aussi créé un éditeur graphique de pages Vidéotex et Télidon. De nos jours, quand on pense aux systèmes de communication pré-Internet au Québec, Vidéoway était le premier nom auquel l’on pense. Cependant, ALEXtel est quand même resté sur le marché pendant plusieurs années et aurait pu être un succès s’il avait été mieux géré par Bell et s’il était arrivé plus tôt au Québec. Aujourd’hui, même Bell ne se souvient plus de son ALEXtel…
Le cube promotionnel d’ALEXtel composée de particules figées dans du verre formant image du terminal et imitant un hologramme.
Le moyen le plus efficace de le regarder est sous une source lumineuse.
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Des extraits du livre Comment Choisir Installer Dépanner Micro-Ordinateur et Périphériques au sujet du ALEXtel et au passage le Minitel.
Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.
Guide de l’usager de service
Guide de l’usager de l’annuaire électronique
Le magazine ALEXtel de mai-juin 1990
Logiciel Quorum de Voilà Software; Émulateur d’ALEXtel (Français et Anglais)
(Veuillez le déziper et utilisez le logiciel tel que WinImage pour le décompresser ou l’inscrire sur une disquette de 3½ de 720k) Voilà_Quorum_V1.10
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Documentation de l’émulateur Quorum (en Français)
Deux pubs du Minitel pour le marché québécois (août et septembre 1988)
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L’intérieur de l’ALEXtel